J’avais mal ... tellement mal ! Pourquoi avait-elle fait cela? Je ne lui avais rien fait à cette fille! Quel était son problème? Sans réfléchir davantage, je m’étais précipitée à l’extérieur de la villa, en pleurs, afin de fuir et de mettre le plus de distance possible entre elle et moi. J’étais partie, car j’avais eu peur, mais aussi parce que je me sentais de trop dans cette maison. Cela ne faisait que trois jours que j’étais à la villa et je me demandais bien pourquoi j’avais accepté de suivre Carlisle chez lui.

Au départ, il voulait simplement que je passe une nuit à la villa dans un bon lit propre et surtout confortable. Il voulait aussi que je puisse manger un bon repas et me laver. J’avais accepté, après plusieurs minutes, puisque ce n’était que pour une nuit … Cependant, le lendemain matin, il m’avait conseillé de rester à la maison encore quelques jours à cause de mes problèmes d’alimentation. Je n’avais pas réussi à garder le repas qu’Esmé m’avait préparé la veille. J’avais été malade une bonne partie de la nuit. Je n’avais pas fait de cas avec cela étant donné que la majeure partie du temps, c’est cela qui m’arrivait alors pourquoi paniquée? Il m’avait donné un médicament que je prenais depuis deux jours maintenant. Une chance qu’il m’avait donné ce médicament sans m’amener à l’hôpital … Je le prenais sans rechigner et je faisais ce qu’il me disait afin d’éviter de le mettre en colère, mais surtout afin que je puisse repartir. Il n’avait pas encore vu mes problèmes de dos et de reins et j’espérais bien qu’il n’allait pas les voir … Je voulais m’éviter une visite à l’hôpital alors j’espérais continuer à pouvoir lui cacher. J'avais peut-être accepté de le suivre, mais je n'avais pas entièremetn confiance en lui. Il restait un homme à mes yeux et les hommes étaient des personnes violentes!

Et maintenant, me voilà en plein cœur de la forêt à pleurer parce que j’avais mal à mon bras. J’avais arrêté de courir depuis un petit moment, trop aveuglée par les larmes qui coulaient sur mes joues. Je m’asseyais et appuya mon dos sur un tronc d’arbre. Ce geste m’arracha un cri de douleur à cause de mon dos, mais je me repris vite. La douleur de mon bras empirait et je reportai mon regard sur lui. Je revis la scène immédiatement : Je me trouvais seule à la villa avec Aleah et Esmé. Les autres étaient partis chasser et Carlisle était à l’hôpital. J’étais dans ma chambre, allongée sur mon lit avec ma peluche. Esmé l’avait lavé quand elle avait vu son état. C’est vrai qu’elle avait passé plusieurs jours à l’extérieur avec moi, dans l’eau et la boue. C’était mon seul lien qui me restait avec ma mère et il n’était pas question que je m’en sépare. J’avais pleuré lorsqu’Esmé l’avait mis au lavage, de peur qu’elle ne la brise, mais je m’étais repris vite lorsque j’ai vu qu’elle était toujours intacte et qu’en plus, elle sentait bon. Je n’avais pas entendu la porte de la chambre ouvrir … Aleah était apparue à mes côtés et elle avait un drôle de regard. Je m’étais redressée et sans crier gare, elle s’était jetée sur moi et m’avait mordu le bras. J’avais réussi à la repousser, mais elle s’était enfuie sans dire un mot. J’avais regardé mon bras et il y avait du sang qui commençait à couler des deux petits trous qu’elle avait fait avec ses dents. Des larmes étaient apparues et la douleur aussi. J’étais descendue de mon lit et j’étais sortie de la maison en courant. Esmé devait être avec Aleah alors elle n’avait pas vu que j’étais partie.

J’essuyai les larmes, qui n’arrêtaient pas de couler, avec la manche de mon chandail. C’est Alice qui me l’avait acheté. Elle me l’avait offert alors que je m’étais rhabillée avec le même linge que j’avais sur le dos avant de prendre mon bain. Elle avait été fâché de me voir faire alors j’avais enfilé le nouveau linge sans protester afin qu’elle arrête d’être fâchée. Malgré tout, cela faisait du bien de changer … En plus, mes pantalons et mon chandail avaient pleins de trous … ce n’était pas très chaud! Elle était gentille avec moi Alice, mais elle était toujours excitée que cela me faisait peur, à force. Je n’osais jamais l’approcher sauf si elle le faisait de par elle-même. En fait, j’étais toujours avec Esmé. C’est elle qui était venue à moi lorsque je m’étais enfermée dans la salle de bain complètement paniquée à l’idée qu’il y ait beaucoup de messieurs dans cette maison. J’avais accepté qu’elle entre dans la salle de bains et elle m’avait rassuré qu’il ne m’arriverait rien avec eux. Depuis ce moment, j’étais toujours collée à Esmé de peur de me retrouver seule avec un des Cullen.

Perdue dans mes pensées, j’entendis un craquement qui me ramena à la réalité. Quelqu’un approchait et cela me fit peur. Je me levai rapidement, en gémissant encore à cause de mon dos, et je marchai un peu avant d’aller me terrer en arrière un tronc d’arbre tombé au sol. Je réussis à me glisser en-dessous et je ramenai mon bras à moi. Le sang avait arrêté de couleur, mais je sentais toujours de la douleur. C’était comme si on me plantait des couteaux partout dans le bras. Je me suis mise à frotter mon bras afin de faire taire la douleur et j’essuyai les larmes sur mes joues. Je tendis l’oreille afin de voir si la personne n’était que de passage et ou c’était quelqu’un qui était venu pour moi …

Nerveuse à l’idée de me faire entendre, je stoppai ma respiration et tendit l’oreille. Mon bras m’élançait toujours et j’avais beau frotter la plaie, la douleur ne diminuait pas. Les larmes avaient cessé de couler, mais on pouvait voir le sillon qu’elles avaient laissé sur mes joues maintenant sales et poussiéreuses. En me cachant sous le tronc d’arbre, je n’avais pas vraiment fait attention, beaucoup trop occupée à me cacher le plus vite possible. Mes vêtements allaient être dans un piteux état … J’avais peur qu’Alice me fasse une crise, car j’avais bien remarqué que la mode et les vêtements étaient très important pour elle. Cependant, ma principale préoccupation pour le moment était de me cacher de la personne qui se dirigeait vers moi.

J’étais certaine que c’était Aleah qui était revenue pour continuer ce qu’elle avait commencé. Depuis que j’étais arrivée à la villa, trois jours avant, elle passait son temps à me lancer des regards noirs et à être méchante avec moi. C’est clair qu’elle me détestait, mais je n’arrivais pas à trouver le pourquoi. J’évitais toujours d’être dans la même pièce qu’elle sinon, lorsque je lui parlais, je le faisais gentiment ou je l’ignorais carrément selon la situation.

Les pas s’approchaient de plus en plus et je n’arrivais pas à voir qui était la personne. Le tronc d’arbre me bloquait la vue et je n’osais pas faire de mouvement afin d’éviter de faire le plus de bruit possible. Je m’autorisais à prendre de mini respirations, tout de même. Mon cœur battait tellement vite que j’avais l’impression qu’il allait me sortir de la poitrine. Il est certain que si c’était un vampire ou simplement Aleah, la personne allait m’entendre … Carlisle m’avait expliqué quelques trucs sur les vampires dont leur ouïe très fine.

- J'ai prit un bandage à la villa pour soigner ta plaie, montre-toi ma chérie!

Je reconnu immédiatement la voix d’Alice. Je soupirai de soulagement … Ce n’était pas Aleah et cela me convenait parfaitement. Je bougeai un peu sous le tronc et je pu voir Alice au milieu du sentier. Un sourire s’étira sur mes lèvres, contente de la voir. Il est certain qu’elle savait où je me trouvais à cause qu’elle devait avoir entendu mon cœur battre et elle devait aussi avoir suivi mon odeur pour me retrouver.

Soudain, la peur prit possession de mon corps. Si elle voyait dans quel état j’avais mis l’ensemble qu’elle m’avait acheté, elle allait me faire une scène et je ne voulais pas … Pourtant, je devais sortir d’ici pour faire soigner ma plaie. Je baissai mon regard sur la morsure et remarqua qu’il y avait des rougeurs qui étaient apparues et que c’était enflé autour de deux trous. Que faire? Allez voir Alice au risque de me faire engueuler et faire soigner ma blessure ou rester cacher ici, mais elle allait venir pareil me chercher, car elle savait parfaitement que j’étais là. Je décidai donc de sortir et d’aller rejoindre Alice. Je m’appuyai sur ma main gauche, tout en gardant mon bras droit collé à ma poitrine. Je m’extirpai de ma cachette en rampant sur mes genoux et je me redressai. J’allais rejoindre Alice piteusement. Arrivée à sa hauteur, je n’osai pas croiser son regard alors je gardai la tête baissée et les épaules voutées, gardant par le fait même, mon bras collé à mon ventre.

Je me tenais toujours face à Alice, mon bras collé à moi et la tête baissée. Je trouvais un soudain intérêt à mes souliers et je m’entêtai à les fixer attendant un moindre signe de sa part. Une certaine distance nous séparait, car je n’avais pas osé m’approcher de trop près. Cependant, je savais très bien qu’elle pouvait, en même pas une seconde, réduire cette distance si elle le voulait. Allait-elle être fâchée à cause que j’avais mis les vêtements dans un sale état? Bella m’avait dit qu’Alice était quelque peu maniaque quand il s’agissait de vêtements et qu’il fallait en prendre soin même si on portait qu’une seule fois le morceau … J’avais réussi à tâcher les genoux de mon jeans et mon chandail était sale dans le dos. Je me suis mise à trembler, par pur réflexe. J’avais peur de la réaction que pouvait avoir Alice puisque je ne la connaissais pas tant que cela. Tapes, cris, reproches, menaces, qu’allait-elle me réserver? Je sentis mes épaules se voûter d’avantage et j’attendis sans trop savoir comment réagir.
Après quelques secondes de silence, Alice prit la parole et je restai étonnée face à ce qu’elle dit.

- Montre-moi ton bras, ça va aller... Mais il faut soigner ça.

Quoi? Je restai surprise pendant un instant. Elle ne me sermonnait pas? Ou peut-être que ça allait venir plus tard ? Je ne savais pas si je devais lui montrer la blessure ou pas …, mais cela ne faisait mal et ça picotait beaucoup aussi! Ce n’était pas du tout agréable et c’est pour cette raison que j’acceptai de lui montrer mon bras.

-Tu veux bien venir près de moi ?

Oui et non! Mon corps me criait d’aller me jeter dans ses bras et mon esprit me hurlait de ne pas y aller. Pourtant, Alice n’était pas un homme donc, je ne devrais pas avoir d’elle … Mais elle me faisait peur ou du moins, elle m’étourdissait. Elle courait toujours partout et elle était toujours excitée! Je ne savais pas comment réagir face à un comportement de la sorte. Pourtant, je l’aimais bien Alice au fin fond. Je ne trouva pas la force de lui répondre de vive voix alors j’hochai simplement la tête à sa demande. Je m’approchai de quelques pas, tenant toujours mon bras vers moi. Elle se pencha et elle me prit dans ses bras, ce qui me laissa de marbre. Je sentis mon corps se figer sous cette étreinte. Je pense que c’était la première fois que quelqu’un me donnait un câlin depuis la mort de ma mère. Puis, je sentis sa main venir me caresser la tête et sans m’en rendre compte je fermai les yeux.

- Elle est jalouse, mais elle va m'entendre, elle n'avait pas à se conduire comme ça avec toi, elle agit comme pourrait agir une enfant de son âge, mais je suis sure que vous allez finir par vous entendre.

Peu a peu, je me détendis et profita de l’étreinte d’Alice. Je déposai ma tête sur son épaule et je passai mon bras valide autour de son cou afin de garder mon bras meurtri près de mon corps. Les larmes qui avaient arrêté de couler un peu plus tôt, se remirent à couler à l’instant même. Elles descendaient sur mes joues à nouveau … Je fis une légère pression avec ma main afin de me coller davantage à elle. J’étais bien là et cela me rappelait ma mère. Elle avait l’habitude de me jouer dans les cheveux chaque soir ou tout simplement lorsqu’elle voulait m’apaiser. Un sanglot s’échappa de ma gorge en repensant à ce qu’il s’était passé dans ma chambre avec Aleah. Sans réfléchir, je fis part de mon interrogation à Alice.

- Pourquoi qu'elle me déteste ?…

Je pris une grande respiration et je levai mon regard pour croiser celui d’Alice. Des larmes étaient probablement visibles au coin de mes yeux et nous pouvions même voir les traces qu’elles laissaient sur mes joues sales. Je me permis de fixer les yeux dorés de la Cullen et je me perdis, le temps d’une seconde, dedans. C’était la première fois que je m’attardais à la couleur de leurs yeux. Il était certain que je préférais la couleur des yeux des Cullen que celle de ce vampire nommé Vol, que j’avais croisé dans les rues un soir. Ils étaient beaucoup moins effrayants que les siens.

Je sentis Alice faire un mouvement et approcher ses mains de mon visage. Par instinct, je fermai les yeux fortement attendant le coup, mais il ne vint pas ... À la place, je sentis ses doigts, sur mes joues, pour enlever toutes traces de larmes. Je gardai les yeux fermés, profitant de ce moment de douceur. Elle était peut-être toujours excitée, mais je venais de me rendre compte qu’elle savait aussi être calme et détendue. Et j’aimais cela!

Alice prit délicatement mon bras et me souffla que ça risquait de piquer un peu. Je détournai le regard et fixa le ciel afin de ne pas voir ce qu’elle allait faire. Alice appliqua le désinfecta et je ne pu retenir une grimace. Elle souffla sur la blessure et cela me fit du bien. Puis, elle me fit un bandage pour couvrir le tout. Je rapportai mon bras vers moi et le serra avec mon autre main sur mon ventre. Les larmes avaient arrêté de couler et je fixais toujours Alice. Elle m’épousseta les vêtements et elle ne fit aucun commentaire, ce qui ne me déplut pas. Elle se contenta d’hausser les épaules et de répondre à ma question.

- Elle ne te déteste pas, j'imagine que son côté... enfin j'imagine que quelque part sa jalousie a prit le dessus. Ou qu'elle ait considérer ça comme un jeu. Je dois avouer que je n’ai pas encore eu l'occasion de bien connaître Aleah, ça ne fait pas très longtemps qu'elle a rejoint la famille. C'est censée être ma sœur tu te rends compte?

Je fronçai les sourcils face aux paroles d’Alice. C’est vrai que c’était bizarre quand on y pensait … Aleah avait le même âge que moi. C’était bizarre de ce dire que je pouvais être la sœur d’Alice aussi. En fait, je ne sais même pas ce que je représentais pour cette famille. Si j’étais quelque chose de particulier pour eux ou juste une gamine qu’ils ont pris quelques jours chez eux pour l’aider. Alice m’attira à elle et elle commença à me bercer dans ses bras. Je restai crisper, ne sachant pas faire ou dire.

- Ca va s'arranger avec le temps, tu verras, j'ai eu si peur ...

Elle avait eu peur ? Pour moi? Je me dégageai un peu de son étreinte et je la dévisageai sans gêne.

- Pourquoi?

Je ne pu m’empêcher de lui demander pourquoi elle avait eu si peur. Je ne comprenais pas les sentiments qu’elle pouvait éprouver pour moi. Je ne l’approchais que très rarement et que là, je la laisse me toucher était un exploit.

- Dis-moi... Il faut que je sache... Est-ce que tu as mal autre part? Tu sais les bobos comme ça il faut pas les laisser sans soins trop longtemps... Tu comprends?

Oui, j’avais mal à d’autres places, mais je ne voulais pas en parler. J’avais mal à mon dos et à mes reins, je crois. J’avais mal au dos depuis que mon père m’a donné des coups. Je pense que j’avais des cicatrices des marques qu’il m’avait laissées avec l’aide de sa ceinture, mais j’avais toujours des douleurs au dos… Que ce soit lorsque je faisais un mouvement brusque ou lorsque je m’appuyais dessus. La nuit, je dormais sur le côté ou sur le ventre pour ne pas dormir directement sur le dos. Je ne voulais pas faire des examens et aller à l’hôpital. Je préférais endurer mon mal que d’avoir à subir l’hôpital.

- Est-ce ça irait mieux si j'allais chercher Esmé?

Esmé? Non, je ne lui dirais pas à elle non plus! Surtout pas elle, elle risquait de le dire à Carlisle et c’était lui que je voulais éviter le plus possible. Je détournai le regard et lui fit un sourire pour la rassurer et masquer mon mensonge.

- Non, ca va aller! Il avait juste le bras! Pas besoin d’aller chercher Esmé, ca va !

Je reportai mon attention sur elle et lui sourit espérant qu’elle croit à mon mensonge.

Je regardais toujours Alice, droit dans les yeux, tout en gardant mon sourire afin de masquer mon mensonge. J’espérais qu’elle n’ait pas de vision pour ne pas qu’elle voit mes autres blessures et que cela me trahisse par ce fait même. De toute manière, Aleah ne m’avait fait mal qu’au bras, nulle part ailleurs. Le reste, c’était des choses de mon passé et aucun des Cullen n’était responsable de cela. La douleur allait sûrement passer avec le temps ... La preuve, mes maux de ventre avaient commencé à diminuer depuis que je gardais la nourriture dans mon estomac et que je ne passais pas mon temps à vomir. Les médicaments de Carlisle et la nourriture saine aidaient aussi. J’avais gardé mon repas d’hier soir et celui de ce matin. C’était des progrès et j’étais sure que cela allait continué pour le reste de la journée. Peut-être que Carlisle pourra me laisser partir demain ou après-demain. Je devais quitter la villa, car je savais que certaines personnes ne m’appréciaient pas ou ne voulaient pas que je sois dans cette maison. Aleah en était la preuve encore et il avait Rosalie aussi … Cependant, elle ne m’avait pas touché, elle gardait ses distances et m’évitait à chaque fois que j’entrais dans la même pièce qu’elle. J’avais appris à ne pas me retrouver près d’elle après ses innombrables regards assassins. Elle me faisait peur et je n’aimais pas cela, mais pas du tout!

Alice s’était remise à ma hauteur et m’avait sourit. Elle sait! Je suis sure qu’elle savait que ce n’était pas vrai ce que je lui avais raconté!

- Tu sais, tu peux me faire confiance, plus jamais, personne n'osera te faire du mal ou porter la main sur toi c'est comprit?

Suite à ses paroles, je me figeai et je sentis mon corps se crisper. Comment savait-elle cela? Je n’en avais jamais parlé à personne, même pas à Carlisle. Comment qu’elle pouvait bien être au courant? Elle avait eu une vision où elle m’avait vu ce soir là avec mon père? Je voulais vraiment savoir!

- Qui t’as raconté ça? Ne sachant pas pourquoi, je voulu mentir sur mon passé, caché que mon père m'avait frappé ...
- Ce n'est que des mensonges. Personne ne m'a touché!

Je baissa immédiatement le regard et fixa mes souliers, incapable de soutenir son regard. Elle m’avait vu dans cet état et je ne sais pas, mais cela me faisait bizarre … J’aurais aimé que personne ne me voit cette nuit là.

- Parce que je tiens à toi.

Quoi répondre à cela? Je gardai le visage rivé au sol et je me mis à frotter mon bras gauche, mal à l’aise. Elle tenait à moi! Personne ne tenait à moi depuis des années … Esmé m’avait dit qu’elle m’aimait bien, mais sans plus. Comment Alice pouvait-elle tenir à moi après seulement trois jours de cohabitation? Je sentis les mains d’Alice sur mes épaules et j’eus un mouvement de recul. Je n’avais pas vu venir ce geste et je pense que c’était pour cela que j’avais eu le goût de reculer. Par contre, elle enleva ma veste, un peu humide et elle me mit la sienne sur les épaules. Bien qu’Alice n’était pas très grande, sa veste sur moi était énorme!

- Ely, dis-moi la vérité s'il te plaît, je ne vais pas te gronder ou te faire du mal, je ne suis pas comme ça, je suis là pour t'aider, après tout ...

- Je n’ai rien ! Elle m’a seulement fait mal au bras! Je t’assure! J’avais des maux de ventre, mais Carlisle a réussit à les faire arrêter …

C’était la vérité en quelque sorte. Aleah ne m’avait pas fait mal ailleurs. Le reste n’était pas important! Il n’était pas question que j’aille à l’hôpital et qu’on me rentre des aiguilles longues comme un mètre dans le corps. Je ne vais pas retourner là bas! Ça sent la mort et il y a des personnes méchantes avec leurs aiguilles! Je suis sure qu’elles prennent toutes un malin plaisir à nous les enfoncer dans la peau! Ils sont maniaques ces médecins!

- Tu es comme une fille pour moi ...

Je fus choquée face aux paroles d’Alice. Je leva la tête brusquement et la dévisagea sans gêne. Une fille pour elle? Qu’est-ce qu’elle voulait dire? Je ne la connaissais que depuis trois jours et la voilà qu’elle me disait cela! Je fronça les sourcils et recula d’un pas pour mettre une petite distance entre elle et moi, puisqu’elle s’était rapprochée pour me mettre sa veste sur les épaules.

- Qu’est-ce que tu veux dire par comme une fille ?

Des images de mon père me revinrent en tête. En fait, j’y pensais souvent et il m’arrivait fréquemment de faire des cauchemars par rapport à cette nuit là. Soit je revoyais la scène comme elle s’était passée, soit je le voyais qui s’acharnait plus qu’il ne l’avait fait sur moi ou je le voyais arrêter alors que je le suppliais de le faire. Chaque fois, je me réveillais en hurlant et le corps couvert de sueur. Je dormais que très peu et j’avais toujours de gros cernes sous mes yeux qui reflétaient bien mon manque de sommeil. La première nuit chez les Cullen, j’avais à peine dormie, car j’étais nerveuse et apeurée qu’un des Cullen vienne dans ma chambre pendant mon sommeil et me frappe. J’avais passé la nuit repliée sur moi-même, le cœur battant, fixant la porte fermée de la chambre. Puis, la nuit dernière, je m’étais réveillée en hurlant, comme d’habitude. Alice, Carlisle et Esmé étaient venus dans ma chambre en m’entendant crier. Je les avais chassés de la chambre, en essayant de les rassurer que ça allait. J’aurais aimé que ma mère soit là pour me chanter une chanson et que je me rendorme calmement. Cependant, j’avais passé le reste de la nuit, les yeux ouverts fixant le plafond. J’aimerais pouvoir dormir pendant des jours entiers et me réveiller que lorsque je le voudrais, mais cela m’était impossible.

Perdue dans mes pensées, j’entendis la voix d’Alice me ramener à la réalité.

- Personne ne m'a rien dit, et je n'ai pas eu de visions, disons que je ne vois pas d'autres explications à la façon dont tu t'es retrouvée à la rue. Peut être qu'un jour tu voudras m'en dire plus. Qui sait.

Elle n’avait pas eu de vision … Je soupirai de soulagement. J’avais eu peur qu’elle m’ait vu dans l’état que mon père m’avait laissé. En fait, ce n’était peut-être pas si pire que je le pensais, car lorsque j’étais entrée à l’orphelinat, la direction avait été mise au courant de mon histoire et ils n’en avaient pas fait de cas. J’étais allée à l’hôpital et un médecin m’avait planté une seringue dans le bras et on m’avait dit que j’avais dormie deux jours. On m’avait informé que je n’avais rien de bien méchant … que de simples égratignures. Cependant, j’avais le bas du dos douloureux, à l’endroit de mes reins, et mon dos me criait douleur lorsque je m’appuyais dessus. J’avais réussis à voir mon dos à l’aide de miroirs, lorsque j’étais à l’orphelinat, on n’avait rien mis dessus mes blessures ... Il y avait de grosses marques rougeâtres qui marquaient la grandeur de mon dos. J’avais ignoré ma douleur, car on m’avait dit que ce n’était rien et que cela allait passer …, mais cela faisait plusieurs jours que j’avais quitté l’orphelinat donc, plusieurs jours que l’incident s’était produit et j’avais toujours mal.

Je réalisai que j’étais rendue vraiment loin dans mes pensées et que je n’avais pas répondu à Alice.

- Il y a d’autres manières de se retrouver dans la rue … pas juste ça !

Je laissai ma phrase en suspens. Je suis sure qu’elle trouverait ... Par exemple, la drogue, la fugue, la perte d’argent …, mais moi j’avais fugué! Je ne voulais pas lui dire directement, car j’avais peur que l’on me recherche et que l’on veuille me ramener à Seattle. Un frisson parcouru ma colonne vertébrale et je tremblai légèrement. Je commençais à avoir froid même si Alice m’avait donné sa veste. L’humidité était présente et le fait d’être restée assisse sur le sol humide n’avait pas aidé. Le soleil commençait à descendre dans le ciel et le froid s’installait tranquillement.

- Viens, prends une douche, ça va te faire du bien tu va pouvoir te réchauffer, et ne t'inquiètes pas je serai avec toi.

Simplement à l’idée de retourner à la villa, mon cœur se mit à battre rapidement. Je ne voulais pas retourner là bas si Aleah était présente. Je voyais bien qu’elle ne m’aimait pas et je ne voulais pas déranger. Je préférais partir au lieu de lui faire subir ma présence. J’allais répliquer que je ne voulais pas y aller, lorsqu’Alice rajouta qu’elle serait avec moi. Cette phrase me rassura quelque peu, mais j’avais toujours un mauvais pressentiment. Que devais-je faire ? Si je décidais de rester ici, j’allais mourir de froid. Pourtant, je ne devrais pas avoir peur puisque je passer plusieurs nuits dans une ruelle humide et froide et je n’étais pas morte. Je lançai un regard autour de moi et avec le soleil qui disparaissait, la forêt prenait un autre air. Des craquements se faisaient entendre et cela eut raison de moi. Je ne voulais pas me retrouver face à un loup ou un ours. J’allais suivre Alice au risque de lui coller aux baskets pour le reste de la soirée.

- Je ne sais pas si je dois te le dire maintenant... Peut être qu'il est encore un peu tôt, allez viens, je t'assure que ça va te faire du bien, tu pourras mettre des vêtements secs, tu ne veux pas attraper froid n'est-ce pas?

- Ok …

Ma réponse ne fut qu’un murmure, mais je savais qu’Alice m’avait entendu. Je n’étais pas très rassurée, mais j’essayai de faire bonne figure, tout de même. C’est vrai qu’un bon bain chaud me ferait du bien.

- Écoute je sais que ça ne fais pas longtemps que tu es ici, mais on est une famille, pour moi en tout cas tous ceux qui sont entrés dans ma vie jusqu'à présent ont été plus qu'importants à mes yeux et quoi qu'il arrive tu resteras toujours importante pour moi et tu pourras toujours compter sur moi, en toutes circonstances, tu comprends?

Je lançai un regard de biais à Alice et je croisai son regard. Je vis qu’il était sincère et cela me fit chaud au cœur. Je lui souris, timidement, et j’hochais la tête.