Voilà que je viens de finir l`une des plus longues conversations de ma vie. Je ne saurais dire si elle avait une réelle utilité, mais je n`avais pas conversé avec ma conscience avec autant d`honnêteté depuis très longtemps. En faites, je crois que jamais nous n`avions abordé ces sujets ensemble. Ma chère demi-sœur, même si elle restait dans mon esprit en permanence, avait toujours parfois des allures d`inconnus. Je la savais différente de moi, ayant des perceptions de la vie autres. Après les récents évènements vécus à Forks, faire le point avec elle venait de m`apporter un très grand soulagement. Sa présence avait beau être un envahissement accidentel, cela n`en faisait pas moins une conseillère et une aide précieuse dans ma vie. Je lui devais bien cela. J`avais passé environ deux jours dans le plus creux de la forêt à me cacher des autres. Pas par peur, mais pour leur éviter ce spectacle. Comme je ne me gênais pas à lui parler de vive voix, je ne pouvais pratiquer cette activité en public. Après ce long temps nécessaire pour mon bon équilibre mental, je me mis à marcher lentement entre les arbres. Je ne m`attardai pas vraiment à eux, toujours en grandes réflexions. Antero avait pris de la distance. Je lui avais volontairement demandé de le faire. Il se devait de lui aussi pratiquer des activités quelconques pour se distraire. Il ne participait jamais à mes rencontres avec les autres représentants de ma race. Il n`était là que comme figurant parfois. Donc, avant mon isolement dans la forêt, je lui avais demandé de prendre la route d`une ville éloignée et d`y chasser. Ensuite, il avait l`ordre de retrouver la trace de ma seconde équipe de recruteurs, Rikard et François. Je ne laisserai pas tomber une pareille chance de pouvoir les mettre à jour de mon plan de créer cette alliance avec la famille Cullen. Pour le moment, tout allait très bien et il me considérait comme un ami. Mais je désirais secrètement plus et pour cela, j`avais l`obligation de prendre davantage de temps. Mes amis devaient donc en être informés au plus tôt. Antero serait de retour dans quelques jours, ce qui me laisserai le temps de régler d`autres détails. Rien n`était urgent, mais le plus tôt sera le mieux. Ayant décidé de mon prochain coup, je m`apprêtais à m`élancer à la vitesse vampirique lorsque je reconnu un bruit pas très loin. Un cœur. Un cœur très vigoureux qui pompe un sang bien unique en son genre. Je n`avais pas réentendu ce son depuis un bon moment déjà, mais je pouvais le reconnaître aisément, étant si particulier. Envahit par la curiosité que me suscitait ce bruit, je choisi d`aller à la rencontre de l`être qui le produisait. N`ayant pas accès à son odeur, je ne pouvais pas confirmer à l`avance que c`était bien celle que je croyais que c`était qui croisait à nouveau ma route. Je laissai mes pas s`orienter dans la bonne direction. Je n`avais pas la moindre crainte vis-à-vis de cet être. Je savais que même s`il ne s`agissait point de Daphnée, je pourrais établir avec lui un contact non-hostile. De toute façon, je n`étais pas en guerre et je ne repoussais personne, du moins, pas encore. Je finis par atteindre la source de ce bruit surnaturel. Le corps de la jeune hybride me fut immédiatement familier et je n`hésitai pas une seule seconde à me diriger vers elle. Mon dernier pas causa un faible craquement qui la fit lever le regard vers moi. Mes yeux d`un rouge caractéristique furent la première chose qu`elle aperçu. Ensuite, son regard mouillé parcouru rapidement mes traits et elle me reconnu, je pouvais le lire à son visage un peu plus serein. J`avais connu cette jeune femme il y a plusieurs années. En Autrice, plus précisément. En faites, avec elle, ma fascination était si importante que je ne réussi jamais à lui proposer de rester avec moi pour rejoindre les Rebelles. Elle avait un si grand désir de liberté que même si elle ne me le dit jamais, je ne pouvais me convaincre de la garder et d`ainsi l`enfermer dans une cage. Nous nous sommes revu quelques fois après cette première rencontre qui s`étendis sur une période de deux semaines environ, mais nos rencontres par la suite furent des simples salutations. Là, je sentais que quelque chose n`allait pas en elle et je m`inquiétais naturellement, ayant développé malgré tout pour elle une amitié considérable. Je m`approchai dans un geste instinctif, mais je n`osai pas mettre une main rassurante sur son épaule, ignorant si sa réaction à mon contact serait positive ou négative. Je me contentais plutôt de lui sourire avec gentillesse, pour la calmer du mieux possible et de lui dire, peu satisfait à l`avance de l`efficacité de mes paroles :

-Daphnée, mon amie, je suis heureux de vous revoir après tout ce temps. Est-ce que vous vous sentez bien?

Sa tristesse était évidente. Et je n`aimais gère la voir dans un tel état. Je la savais émotive, mais là, je sentais que la situation était plus qu`une simple émotion soudaine. Elle avait de réelles préoccupations et je voulais sincèrement lui apporter mon aide. Je n`étais pas l`un de ses amis de voyage pour rien.