« Je reviens dans une heure ou deux. » avais-je dis à Emmett avant de quitter la grande villa. Carlisle étant à l'hôpital, j'avais décidé de prendre un petit moment de ma journée pour aller chasser. Emmett avait insisté pour m'accompagné, mais je l'avais rassuré en lui disant que je n'allais pas très loin et que, de toute façon, il trouverait cela ennuyeux. Je l'avais donc embrassé sur la joue puis j'étais partie, m'enfonçant dans la forêt. Je sentais mes sens s'éveiller à mesure que j'entrais dans les bois. Ma course se faisait de plus en plus rapide, mon pas devenait plus léger, même si j'avançais vite, mon regard était capable de tout analyser autour de moi. Mais c'était à mon odorat que je me fiais. Je ne dut pas aller très loin pour tomber sur un troupeau de cerf. Je ralenti mon allure et m'approchai doucement. Ils étaient là, juste en bas de la falaise où je me tenais. Jusqu'à maintenant, j'avais laissé mes cheveux libres, mais il était temps de les attacher. Je détestais me salir lorsque je chassais. Surtout si ma proie était aussi facile à attraper. Je remontai mes cheveux en un chignon, attendant le moment propice pour attaquer. Sur la pointe des pieds, au bord de la petite falaise, j'étais prête.

Cela n'avait pas été très difficile. Un petit saut, quelques secondes de course et puis j'avais attrapé un mâle vigoureux. Je détestais m'en prendre aux femelles, ne voulant pas priver leurs petits d'une mère. Mais chez les animaux, le mâle était remplaçable. Je n'attaquais rarement le mâle alpha, celui-ci était le leader du groupe, celui qui les tenait ensemble. Un troupeau sans mâle alpha n'était pas un troupeau. Je jetais alors ma soif sur un des mâles qui passe souvent inaperçu. Celui dont la disparition dérangerait le moins. Couché sur le sol, j'avais planté mes dents dans son cou, buvant ce liquide visqueux qui lui avait donné la vie. Je sentais mes forces revenir, bien qu'elles ne fussent pas si faible au départ. Cette petite partie de chasse n'avait pas été une obligation, c'était plutôt une précaution et un prétexte pour aller prendre l'air. J'en avais presque terminé lorsqu'une odeur inconnu m'arriva au nez. Je coupai mon repas un peu plus tôt que prévu, mais cela ne me dérangea aucunement. J'essuyais les traces de sang autour de ma bouche, toujours accroupi au ma proie. Levant les yeux autour de moi, j'aperçu un jeune homme se diriger vers moi. C'était la première fois que je le voyais. Mon regard se promena sur l'inconnu, mais c'est l'éclat cramoisie de son regard qui attira le mien. Il s'approcha encore et me tendit la main, pour m'aider à me relever. Il savait pertinement que je n'avais pas besoin de cet aide, mais comme je trouvais cela galant de sa part, je mis ma main dans la sienne et me relevai. « Bonjour, comment allez-vous? »

Je ne pus m'empêcher de sourire devant ce drôle de personnage. Il avait une approche très étrange, mais tout de même intéressante. J'allais lui répondre lorsqu'il continua de parler. « Veuillez me pardonner de vous avoir interrompu, j`ai simplement été curieux lorsque j`ai entendu du mouvement. Si cela ne vous déranges pas trop, puis-je connaître votre nom? » Même si c'était direct, il fallait dire qu'il respectait les conventions. Ce n'était pas intrusif, sans pour autant être conventionnel. « Je vais très bien, merci. Je m'appelle Esmé. Esmé Cullen. Et vous, comment devrais-je vous appeler ? » Je ne le sentais ni menaçant ni menacé. Cette situation était très étrange, mais je la prenais à la légère et elle ne pouvait que me faire rire.

En venant chasser, je pensais passer un moment en solitaire. J'avais eu en tête que je me promènerais un peu, profiterais du silence et assécherais ma soif. Mais voilà maintenant que je faisais une rencontre surprenante. « Je me nomme Mark Vandersteen, mais vous pouvez m`appeler tout simplement Mark. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Mademoiselle Cullen. »J'épiai le jeune homme devant moi, trouvant qu'il avait de très beaux traits. En effet, son statut de vampire lui conférait une peau blanche, impeccable. Contrairement à certain, les cernes qu'il avait sous les yeux n'étaient pas très présente. Son visage était rigide, dur, bref parfait. Et son sourire était à couper le souffle. Rapidement, je me mis à le comparer à Carlisle. La première différence se situait majoritairement au niveau des yeux. Ceux de l'homme devant moi étaient d'un rouge profond qui trahissait son régime alimentaire. J'avais toujours trouvé agressant le regard rouge des vampires sanguinaires, mais il me fallait avouer que sur Mark, ce rouge semblait avoir sa place. La seconde différence se situait dans le visage. Alors que Carlisle avait un visage doux, un visage d'ange, Mark avait un visage beaucoup plus carré, imposant. Alors que Carlisle inspirait la patiente et le calme, Mark inspirait la détermination et la vigueur.
Je fini par détacher mes yeux du jeune homme et regardai la forêt autour. Le troupeau de cerf avait disparu depuis longtemps, s'en étant allé assez loin pour que je ne repère plus leur odeur. Il n'y avait que celle de Mark pour emplir l'air. « C'est une très belle région ici! Vous êtes une nomade comme moi ou bien vous habitez dans les environs? » J'étais entièrement d'accord pour dire que Forks était une très belle région. Même si le soleil ne pointait presque jamais le bout de son nez, la forêt et les montagnes lui donnait un charme certain. Toutefois, le petitesse de la ville en rebutait souvent plus d'un. La vie rurale, avec seulement une école, une épicerie, n'était pas accessible à tout le monde. Il fallait dire que la ville n'était pas très loin, mais il fallait s'avoir s'adapter. Pour des vampires, vivre dans une aussi petite ville pouvait être dangereux, mais d'un autre point de vu, nous avions été acceptés ici. Les gens ne posaient plus de question, avaient tendance à nous éviter et à ne nous regarder que lorsque c'était nécessaire. Je le voyais souvent lorsque j'essayais d'aborder des concitoyens. Je les sentais à la fois émerveillés et terrifiés. Mais après un moment, la peur disparaissait et ils se laissaient charmer. « Je vis tout près d'ici. À une dizaine de kilomètre vers le sud, nous avons une grande maison pour toute ma famille et moi-même. » Il m'avait dit être nomade. Même si passer du temps en solitaire était bénéfique, plusieurs années avec comme seule compagnie sa propre personne pouvaient être longues. « Et vous, vous voyagez depuis longtemps ? » C'était question sur question, mais comment pourrions-nous faire connaissance si nous n'en posions pas. C'était à son tour maintenant d'en révéler un peu plus sur lui. Je venais de lui apprendre que j'avais une famille, il devait maintenant m'apprendre quelque chose. Je trouvais ce petit jeu assez drôle, très divertissant. J'en avais même oublié ce cerf à mes pieds.

Je m'étais toujours demandée à quoi pouvait bien ressembler une vie de nomade. Ayant été transformée par Carlisle, je l'avais tout de suite joint, lui ne m'ayant pas abandonné. J'étais restée près de lui alors que j'apprenais à devenir végétarienne. Il avait toujours été là pour me guider, pour me garder sur la bonne voie. Par la suite, nous nous étions mariés et nous avions formé une famille. C'était une famille qu'il était impossible de quitter, et de toute façon je n'avais jamais souhaité la quitter non plus. Je m'y sentais bien, j'avais enfin trouvé un endroit où je pouvais m'épanouir à ma guise. Parfois, je m'étais demandé à quoi ressemblerait ma deuxième vie si j'avais décidé de partir, mais il m'était impossible de répondre à cette question. Je tenais trop à Carlisle et à mes enfants. «Je voyage comme nomade depuis ma renaissance. Je suis en Amérique depuis seulement cinq ans, mais avant j'étais un nomade européen. Cela pourrait vous semblez banal, mais je n'avais jamais vue l'Amérique avant de mis rendre, suite à une impulsion inexpliquée. » J'hochai la tête, trouvant son explication tout à fait logique. Par de nombreuses fois, j'étais allée en Europe avec Carlisle, ayant le désir de découvrir ce monde qui m'était inconnu. Nous avions l'éternité pour voyager, mais il fallait bien commencer un jour. Alors nous avions visité quelques villes, mais jamais nous ne nous étions considérés comme étant nomade. Bien sûr, nous avions fait des connaissances durant ces voyages, qui s'étaient montré très importantes à avoir dernièrement, mais je n'avais jamais vécu ce genre de vie. « Je vois. Eh bien, je vous souhaite la bienvenue en Amérique et principalement à Forks. » Même si jusqu'à maintenant, je ne considérais pas Mark comme une menace, je ne souhaitais tout de même pas le perdre de vu. Je ne connaissais pas réellement ses intentions et n'avait aucune envie qu'il vienne mettre du désordre dans notre vie qui venait tout juste de reprendre son cours normal. La paix était revenue, je ne voulais pas qu'elle s'envole, c'était pourquoi je comptais apprendre à mieux le connaître. « Est-ce que vous voulez m'accompagner, je me dirigeais justement en ville pour visiter le coin. Je ne suis jamais venu à Forks de ma vie, donc comme je suis tombé par hasard sur l'une de ces habitantes, je vais pouvoir me sentir moins touriste. Enfin, seulement si vous ne devez pas rejoindre les vôtres, évidemment, je comprends tout à fait. » Je pensai rapidement à Emmett, qui avait bien dû se trouver autre chose à faire que de m'attendre. Même si je lui avais dis que je revenais dans une heure ou deux, il n'allait pas s'inquiéter. Même si j'étais une petite maman qui détestait la bagarre, je savais surveiller mes arrières et me défendre. « Non, cela serait un plaisir de vous accompagner. Je n'avais rien de prévu, et de toutes façon mes enfants ne s’inquiéteront pas. » Je suivis Mark et nous prîmes le chemin de la ville, marchant d'un pas humain pour pouvoir converser un peu en même temps. Nous étions toutefois à une bonne distance, s'il désirait véritablement se rendre en ville, il nous faudrait faire un bout de chemin à la course, mais pour l'instant, c'était la discussion qui prônait.

Assez rapidement, nous nous retrouvâmes sous le couvert des arbres. Je repérai rapidement le chemin le chemin que les marcheurs prenaient, le sol étant moins rocailleux et requérant moins l'esprit. Nous avançâmes donc sur ce chemin, à une vitesse qui me plaisait. Même si j'aimais courir, je ne me sentais aucunement l'envie de le faire en ce moment. Je courais lorsque je chassais, ou bien lorsque je voulais me divertir avec Emmett, Jasper ou même avec Aleah. Mais ce moment n'était ni propice à la chasse ni au divertissement. « Je vous remercie d'avoir accepté de me tenir compagnie. J`ignore depuis combien de temps je n'ai pas rencontré de vampire aussi hospitalier que vous. » Je lui fis un grand sourire, heureuse de ce compliment. Je m'étais toujours soucié du bien être des gens, j'étais la première à les accueillir chez moi. J'étais douce de nature et je tenais à ce que les Cullen aient la réputation d'être hospitalier. Mark avait peut-être calculé l'effet de son commentaire, mais le fait était qu'il avait réussi à toucher un point qui me tenait à coeur. « Vous êtes charmant. Mais cela me fait plaisir de vous accompagner, je tiens à toujours porter une attention particulière à nos visiteurs. » J'étais celle qui s'occupait de tout le monde, et je me plaisais très bien avec cette réputation. Je veillais toujours à ce que nos visiteurs soient bien accueillit, cela leur montrait notre niveau de civilisation et leur faisait souvent comprendre que nous ne voulions pas que notre paix soit dérangée. Ainsi, quand ils repartaient, ils n'avaient pas fait de dégâts. « Étant donné que la route sera longue à cette allure, pourquoi ne pas nous raconter nos vie. La mienne n'est pas très intéressante et surement moins paisible que la vôtre, mais vous la partagez serait pour moi un honneur, si en échange j'en apprenais aussi sur vous. Pour commencer, depuis quand vous et votre charmante famille êtes des habitants de Forks? Probablement depuis peu, comme notre apparence particulière aurait pu attirer l'attention de certains? » Je devais dire que cette idée me plaisait bien. Marcher dans le silence ne m'en apprendrait pas beaucoup sur le vampire, et puis je n'avais jamais vraiment eu de problème à parler de ma vie. J'étais heureuse maintenant et je ne regrettais rien, pas même dans ma vie humaine. Ne pas avoir fait les même choix, je n'aurais probablement jamais terminé à vivre pour l'éternité mariée à Carlisle. J'avais donc appris à accepter ces évènements, ils faisaient partis de moi. « Nous sommes à Forks depuis quelques années déjà. Les gens ont appris à vivre avec le mystère qui nous entoure, s'ils étaient suspicieux au départ, ils ont tout laissé tomber voyant que cela ne leur donnait rien de se méfier autant. » Il n'y avait que les plus vieux en ville qui restaient loin de nous. Mais c'était probablement plus par jalousie qu'autre chose. Nous ne vieillissons pas et eux si. Sans même le savoir, peut-être enviaient-ils notre jeunesse éternelle... « Et vous, Monsieur Vandersteen, quels endroits avez-vous visités avant d’atterrir à Forks ? » Mon regard se porta vers le sol, puis j'enjambai une racine et continuai ma marche au même rythme, avec Mark à mes côtés. Je reportai mon attention vers lui, détachant mes cheveux au passage. J'avais terminé ma chasse, je n'avais plus besoin de les retenir.

Mes cheveux maintenant libérés, je me sentais beaucoup mieux. Je passai ma main dedans pour les séparer et empêcher qu'ils s'emmêlent et deviennent impossible à contrôler par la suite. Lorsque je fus satisfaite du résultat, je retournai mon attention vers le visiteur. Lorsque je rencontrais des vampires nomades, j'avais toujours pris soin d'être très ouverte et douce ― bien que cela soit tout naturel ― mais généralement ceux-ci ne prenaient pas vraiment le temps de discuter avec moi. Certains le faisait, par politesse, mais les autres, après nous avoir demander pourquoi nous avions les yeux dorés et comment nous faisions pour vivre près des humains, reprenaient leur chemin sans être le moins du monde dérangé par notre condition de vie. « J'ai vu beaucoup de lieux durant ma courte existence. Je connais l'Europe sous toutes ses coutures à vrai dire. Seulement, j'apprécie tout particulièrement la Pologne et la Finlande. Je suis né en Allemagne, donc je suis fier de mon pays malgré toutes les épreuves qu'elle a pu traverser. Pour les Amériques, je ne connais que les états du Nord et presque toutes celles du Sud-ouest et de l'Ouest. J'ai donc vu beaucoup de peuples et de cultures mais je reste convaincu que les meilleurs personnes sont celle qui assume leur nature. » J'avais toujours eu une certaine fascination pour l'Europe, ce continent ayant tellement d'histoire. Il était beaucoup plus vieux que l'Amérique et il y avait beaucoup plus de perspective de restauration qu'ici, aux États-Unis. Un jour, peut-être, irions nous vivre en Europe... Mais pour l'instant, j'étais très bien dans ma grande villa à Forks. J'avais tous ceux que j'aimais autour de moi, rien ne me manquait. Nous avions retrouvé un semblant de paix, j'espérais fortement qu'il ne serait pas brisé dans les semaines à venir. Malheureusement, je savais très pertinement que les Volturis ne devaient attendre que le moment propice pour revenir, humiliés face à leur défaite. Alice ne voyait rien pour l'instant, mais ils pouvaient aussi bien décidé de répliquer sur un coup de tête. Un coup de tête réfléchi, mais un coup de tête quand même.
Alors que j'étai prise dans mes réflexions, Mark m'en sorti en reprenant la parole. « Mais dites moi, connaissez-vous beaucoup de nomades comme moi? Vous qui êtes si chaleureuse et sympathique, cela m'étonnerais que peu de vampires aient croisé votre route ou celle de votre famille. Je suis simplement curieux, car le dernier vampire que j'ai croisé remontait à il y a deux ans. C'est très long, même pour un immortel, de ne pas avoir de compagnie durant une aussi longue période. Qui sait, si vos amis nomades se cherche un interlocuteur, cela ne me dérangerais point de le devenir. » Malheureusement pour lui, les nomades que nous connaissions venaient tout juste de partir. Étant venu pour nous supporter contre les Volturis, ils étaient repartis un peu après le clan italien, retrouvant ainsi leur pays respectif. Les seuls que Mark avait peut-être une chance de rencontrer étaient les nomades américains, dont Mary, Randall, Peter et Charlotte. Ces derniers avaient quittés Forks tout dernièrement, étant restés un peu plus longtemps pour prendre des nouvelles de Jasper et de la vie qu'il menait maintenant. Toutefois, nous n'avions pas eu de nouvelle d'eux depuis et je n'avais aucun moyen de savoir où ils se trouvaient à cet instant. « Nous connaissons plusieurs vampires nomades, effectivement. Beaucoup sont Européens, par contre. Mais il y a tout de même quatre nomades qui se promènent en Amérique du Nord que nous connaissons. Par contre, je ne pourrais vous dire où ils sont à ce moment précis. Mary et Randall semblent préférés la vie en solitaire, alors que Peter et Charlotte se déplacent en duo, mais ces deux-là sont très attachés l'un à l'autre. » Autant dire qu'ils ne pourraient vivre sans l'autre. Ces deux-là n'auraient probablement pas pris de compagnie, se suffisant mutuellement, mais Randall et Mary auraient pu apprécier un peu de conversation. « Les trouver ne doit pas être bien difficile puisqu'ils étaient ici dernièrement... Comptez-vous rester à Forks un petit moment, monsieur Vandersteen ? » Le chemin avant d'arriver en ville était encore long. À cette vitesse, la nuit tomberait avant que nous arrivions. Pourtant, je trouvais cette conversation très plaisante. Même si nous semblions avoir mis des gants blanc tout les deux lorsque nous parlions, c'était très agréable d'avoir une conversation civilisé avec un vampire nomade.

Tout en continuant à marcher, je me demandai comment les Cullen allaient réagir face au séjour de Mark. Carlisle serait probablement très intrigué par le jeune homme. En effet, le vampire sanguinaire semblait être très bavard, ou du moins appréciait les bonnes conversations. Connaissant beaucoup l'Europe, il trouverait probablement un bon interlocuteur chez mon mari. Les deux s’entendraient à merveille, j'en étais certaine. Quant à mes enfants... C'était plus difficile à dire. Même s'ils étaient polis et qu'ils restaient ouverts, ils étaient plus méfiants face aux étrangers. Je n'avais senti aucune menace de la part de Mark, mais peut-être Edward ou Alice verraient-ils quelque chose que moi, je ne pouvais voir. S'il avait un secret à cacher, il ne pourrait le garder bien longtemps devant ses deux-là. Jasper lui n'aurait probablement aucun problème avec le vampire, pouvant jouer avec ses émotions comme il le voulait. Rosalie serait probablement la plus méfiante du lot. Elle ne faisait confiance aux gens que lorsqu'elle avait réellement appris à les connaître. Je ne pouvais pas lui en vouloir, avec ce qui s'était produit lorsqu'elle était encore humaine... « Mais cela serait avec joie de pouvoir prendre le temps de visiter votre ville et surtout de pouvoir rencontrer toute votre petite famille. J'ignore combien de temps je peux rester, mais tant que vous voudrez de ma présence, alors il me fera plaisir de rester avec vous. » Mark venait de me sortir de mes pensées et je tournai la tête pour le regarder. Je trouvais assez étonnante sa façon de s'adresser à moi. C'était très plaisant de converser avec quelqu'un qui maniait si bien sa langue. De nos jours, les jeunes disaient à peu près n'importe quoi, ne se souciant plus de la grammaire et de la syntaxe (dit une vampire américaine). « Vous êtes le bienvenue aussi longtemps que vous le souhaitez. » Il était très rare en fait que nous forcions le départ de vampire nomade. Généralement, en leur suggérant d'aller chasser ailleurs, ils comprenaient le massage. Et s'ils persistaient, nous restions tout de même diplomatique. Les seuls fois où ou avions eu à nous battre, c'était contre les nouveaux-nés. Les avoir si près de Forks avait été très dangereux pour la population. « Je vais évidemment éviter de chasser les habitants de votre région. Je me déplacerais plutôt vers le Sud, dans les villes plus éloignés de Forks. Je ne désire surtout pas causer de drame. » Je réalisai alors qu'il ne m'avait pas posé de question vis-à-vis mon régime alimentaire. Mes yeux dorés détonnaient sur un visage de vampire, sachant que lui devait être habitué de côtoyé des vampires sanguinaires. Mais n'ayant pas posé de question, il devait en avoir rencontré d'autres dans sa vie. Je me demandais qui cela pouvait bien être, puisque mis à part les Denalis, je ne connaissais aucun autre clan végétarien. « C'est très prévenant de votre part. En général c'est nous qui devons proposer aux vampires de chasser à l'extérieur de la ville, pour ne pas nous attirer de problème. L'équilibre est très important. » Même si je détestais le fait de tuer des humains pour se nourrir, je ne pouvais pas non plus empêcher ce visiteur de la faire. J'aurais bien aimé que tous les vampires soient végétariens, mais cela n'étant pas dans leur nature, c'était impossible. Sacrifier des vies innocentes pour un besoin primaire qui pouvait être comblé autrement. « Nous tenons beaucoup à la couverture que nous nous sommes crées et puis nous avons beaucoup d'amis parmi les humains, ici. » Bien que la plupart ne daignent nous parler, certains d'entre eux avaient tout de même surmontés leur peur et c'était montrés très agréable à notre égard. Je n'aurais pas voulu voir l'un d'eux comme repas pour une visiteur. Les collègues de Carlisle, par exemple, étaient des gens très agréable à côtoyer et qui valaient la peine qu'on les protègent, ceux-ci sauvant des vies à tous les jours...

« Vous savez, vous n'êtes pas la première végétarienne que je croise. J'ai connu un Italien lors de ma jeunesse vampirique qui avait des habitudes très semblables aux vôtres. Il avait également cette très grande capacité à être pacifiste et aimant, même avec les humains. J'ai moi-même essayer le végétarisme grâce à ces encouragement, mais cela n'a jamais été ma tasse de thé. Je ne vous expliquerai pas en détails les raisons qui ont motivé mon choix de conserver un régime humain, mais ma grande ouverture d'esprit est né grâce à ce cher vieux Ennio. » Je n'aurais jamais cru qu'un Italien puisse être végétarien... Carlisle ayant eu des problèmes avec les Volturi à propos de ce point justement, il m'avait toujours semblé impossible qu'une Italien puisse devenir végétarien, alors qu'il était si près du clan royale. Mais chaque règle avait son exception, Ennio l'être. Mais même si je trouvais cela étonnant, j'étais heureuse d'apprendre que mon interlocuteur avait déjà essayer ce régime. À la base, il m'avait semblé très intelligent et ouvert d'esprit, mais je n'aurais pas deviné qu'il puisse déjà avoir essayer le sang animal. Il ne cessait donc de m'étonner. « Il n'est jamais aisé de s'habituer à ce genre de régime. » Je ne le savais que trop, ayant eu quelques problèmes à faire la conversion. « Il faut avoir le support nécessaire. » La capacité à passer de l'humain à l'animal ne se trouvait pas dans les gênes des vampires, mais plutôt dans leur conscience, dans leur entourage. Un vampire solitaire, voyageant comme bon lui semblait, ne s'attachant à personne et à aucun endroit, n'aurait aucun problème à se nourrir d'humain. Des vampires souhaitant une vie civilisée devaient s'y conformer et apprendre à vivre comme eux, sans les dévorer en passant. Mais c'était généralement la conscience et la morale qui venait jouer le plus gros rôle. Carlisle n'avait pas voulu être un monstre, et il avait eu assez de courage pour ne pas en être un. Edward, même s'il avait fait couler beaucoup de sang, ne s'en était pris qu'à des gens qu'il considérait coupable, qui ne devaient pas vivre. Mais cela n'effaçait pas le fait qu'il ait tué des humains. Toutefois, lors de sa crise passée, suite à sa transformation, il s'était ensuite rangé et avait appris à tolérer le sang animal, qui avait un goût infecte, certe, mais auquel on s'habituait à la longue. Rosalie, bien que la tentation ait été forte, avait été dans les meilleurs. Elle s'était pliée au régime de Carlisle, se détestant déjà en tant qu'immortel. Nous avions eu quelques problèmes à contrôler Emmett, mais grâce à sa Rose, il avait terminé par devenir un bon végétarien et prenait quotidiennement sa revanche en se nourrissant de grizzlis. Alice ayant eu une vision très tôt de Jasper ainsi que de toute notre famille, n'avait pas eu beaucoup de temps pour s'intéresser au régime sanguinaire. Elle avait pris avec bonne humeur notre régime et aidait du mieux qu'elle le pouvait Jasper, qui lui, avait encore quelques problèmes à côtoyer des humains. « Avez-vous déjà goûté à du sang humain, mademoiselle Cullen? Personnellement, je vous souhaite que non car c'est un sang capricieux qui rend très impur. Je n'ai pas honte de le dire, mais je me considère parfois comme un être "méchant". » M'ayant sortit de mes pensées, il me tira un petit rire en disant qu'il se considérait comme méchant. Pour l'instant, il me semblait très civilisé, même si je pouvais très bien imaginer que son comportement changerait en présence d'humains. J'espérais qu'il ait une bonne capacité à vivre parmi eux, puisque je n'avais pas envie que nous débarquions en ville et qu'il se jette au coup de la première venue, mais comme la route était encore longue, je ne devais pas m'en préoccuper tout de suite. Il me fallait plutôt répondre à sa question, qui me replongea dans le passé. « Effectivement, je me suis déjà nourris de sang humain. Cela fait presqu'un siècle maintenant que je n'en ai pas but, mais lors de ma transformation, j'ai été difficilement contrôlable. Mon mari a toutefois eu assez de patience pour me remettre sur le droit chemin. » Je ne pouvais le remercier assez aujourd'hui de m'avoir contrainte à ce régime. Si, à l'époque, j'aurais tout donné pour une goûte de sang humain, je savais aujourd'hui que c'était pour le mieux qu'il m'avait retenu de cette tentation.

Plongée dans mes souvenirs, je me souvenais de mes premières semaines en tant que vampire. La tentation avait été presque insupportable. Je me souvenais d'un soir, en particulier. Le soleil venait à peine de se coucher, c'était en plein hiver. J'étais assise contre un mur, mes pupilles d’un noir profond, les genoux remontés contre la poitrine. Je ne bougeais pas, j’essayais de résister. C’était difficile, infaisable… Alors que j’allais céder était apparu Carlisle. Sa blancheur contrastait dans la pièce sombre et il m’était arrivé tel un ange. Il m’avait tendu une main, et sur le moment je n’avais su quoi faire. D’un côté, mes nouveaux instincts me criaient de lui arracher la tête et de céder à la tentation du sang humain, alors que mes sentiments pour l’homme me contraignaient à le suivre sans poser de question, lui vouant ainsi une confiance aveugle. J’avais été déchirée par ce choix, mais j’avais alors pris une décision. Malgré la soif dans ma gorge qui masquait une partie de mon jugement, j’avais délicatement pris sa main et je l’avais suivit. Nous n’avions pas dit un mot, je m’étais levée et je l’avais suivi dans le noir. Il m’avait tenu la même tout le long du trajet et ne l’avait lâché qu’une fois que j’avais les dents plantées dans le cou d’un coyote. Ma soif avait été rassasiée, mais je n’étais pas satisfaite. J’avais encore envie de sang humain… Nous avions alors continué à chasser, jusqu’à ce que cette envie me passe. Rentrés à la maison, nous nous étions coupés du monde. Du moins, lui m’avait coupé du monde. Il s’assurait qu’aucun humain ne s’approche de la propriété, pour que j’apprenne à me contenter de sang animal. Une fois que cela avait été fait, ma réhabilitation avait commencé. J’avais du réapprendre à côtoyer des humains, et même si cela n’avait pas été facile, j’y étais finalement arrivée. Il m’avait fallu de nombreuses années, mais avec l’aide d’un mari aimant, j’y étais arrivée. « Je vois. Cela n’est pas une chose simple que de lutter contre nos instincts, même si on les juge immorales. Malheureusement pour nous, la race des vampires en est une prédatrice et égoïste, qui a du mal à réaliser la profondeur de ses actes envers leur ancienne race. Mais, il y a aussi les êtres médians, comme moi, qui en ont conscience mais qui ne font rien pour y remédier. Voilà, je viens de me proclamer paresseux! » Devant cet aveu, je ne pus m’empêcher de lui faire un sourire. Il fallait beaucoup de courage pour changer de régime, mais il fallait considérer que c’était la seule voie possible. Un vampire qui ne considérait pas immoral de se nourrir d’un humain ne pouvait pas changer de régime, n’y voyant pas l’utilité. Toute était une question de conscience, au fond. « C’est un changement qui ne peut se faire du jour au lendemain. Cela prend de la patiente et une force que très peu ont… » Ce n’était pas d’une force physique dont je parlais, mais bien d’une force mentale qui vous empêchait de céder à la tentation…
Considérant que nous avions fait le tour du sujet, Mark en proposa un plus joyeux et qui lui permettrait d’en savoir un peu plus sur ma famille et moi-même. « Comme je risque de bientôt rencontrer votre famille, j’aimerais savoir à quoi m’attendre. Pardonnez mon impatience, mais j’ai toujours été incapable d‘affronter les surprises, aussi simple soient-elles. Si cela ne vous importune pas trop, pouvez-vous me parler un peu de votre famille? Elle me semble si unique et intéressante. Je suis persuadé que chacun d’eux est aussi aimable que vous, mademoiselle Cullen, cela ne peut en être autrement! » Il était vrai que nous formions une famille unique, agissant comme tel. En général, les vampires qui vivaient en clan fonctionnaient plus sur une hiérarchie frère/sœur que parent/enfant comme nous le faisions. La route étant encore longue, je décidai de donner des détails à mon interlocuteur. Ainsi, il éviterait de faire des gaffes, quoi que je doutais bien qu’il en fasse. « Cela me ferait plaisir ! Alors, le premier membre de notre clan est Carlisle, mon mari. Il est né en 1640, en Angleterre. Il est médecin depuis presque toujours. Comme il ne souhaitait pas être un… monstre, il a décidé de devenir végétarien. Cela n’a pas été facile pour lui, comme il était seul. Mais il a réussi, et depuis il n’a plus aucun problème avec le sang humain. Il peut opérer n’importe qui sans problème. » J’avais toujours vu Carlisle comme un homme fort, sans faiblesse. Bien sûr, comme tout le monde, il pouvait plier par moment, mais sa force était dans le fait qu’il savait toujours se redresser, quoi qu’il arrive. C’était une des multiples raisons pour lesquelles j’étais tombée amoureuse de lui. « En 1918, il est tombé sur Edward, qui était mourant. Sachant qu’il allait succomber à la fièvre, Carlisle a décidé de le transformer et de lui offrir une deuxième chance dans l’immortalité. » Edward avait eu des problèmes, au départ, lorsqu’il avait été transformé, mais je doutais qu’il apprécie que je raconte tout en détail à ce visiteur. Je lui laisserais le soin de raconter cette partie, s’il le souhaitait. « Trois ans plus tard, ce fut à mon tour. »

J'étais maintenant rendue à parler de moi. Je ne savais pas ce que mon interlocuteur avait bien envie de savoir. Je pouvais lui parler pendant des heures de ma vie avant d'être vampire. Généralement une certaine amnésie venait lors de la transformation, mais la douleur que j'avais ressentie étant humaine était restée avec moi lorsque j'avais été transformé, me donnant ainsi une raison de me souvenir de ma vie d'humaine. J'avais fait des erreurs, et m'en souvenir me permettait de ne pas les refaire deux fois.
Encore, la question me revenait en tête. Si j'approfondissais, Mark me trouverait-il ennuyante ? Je jetai un coup d'oeil dans sa direction et rien ne m'indiqua qu'il en avait marre de m'entendre. Au contraire, il semblait y prendre plaisir. Je continuai alors mon récit. « Toutefois mieux vaut recommencer du début, si vous souhaitez mieux me connaître. » Je fis un sourire à mon compagnon de marche et reprit. « Je suis née en 1895, à Colombus, dans l'Ohio. J'étais la fille unique d'un couple de cultivateur. » Des images de ma vie d'adolescente me revinrent en tête. Ce n'était pas facile d'être fille unique dans ces années-là, encore moins si c'était sur une ferme. Lorsque les récoltes étaient prêtes, il fallait tous mettre la main à la pâte et ce n'était pas aisé. J'avais aussi tendance à rêvasser un peu trop, ce qui déplaisait à mes parents, particulièrement à ma mère qui avait de grands rêves pour moi. « Lorsque j'avais... » Je comptai dans ma tête. «... seize ans, je suis tombée d'un pommier. Je me suis fracturée la jambe, et c'est Carlisle qui m'a recollé. Il était médecin dans la ville à ce moment-là. J'ai passé par la suite plusieurs mois à rêvasser à lui, à m'imaginer qu'il viendrait me chercher sur son cheval blanc. Oh, évidemment, je n'y croyais pas une seconde, il ne pouvait pas s'intéresser à la jeune adolescente que j'étais... » Même aujourd'hui, je ne pouvais m'empêcher de trouver cette coïncidence particulière. J'étais tombée sur l'homme de ma vie très jeune, j'avais rêvé de lui durant de longues nuits, ne croyant pas une seconde que j'avais une chance. Et maintenant, je vivais avec lui dans l'éternité. Nous n'étions même pas unis pour la vie, c'était encore plus que ça, étant immortel. Je jetai un coup d'œil à Mark, me demandant si je l'ennuyais avec ma romance. Il n'aurait qu'à m'arrêter s'il en avait marre. « Finalement, j'ai dû l'oublier, ma mère souhaitant me marier avec un homme qui avait une bonne réputation. » J'hésitai un peu sur la suite, ne voulant pas non plus mettre mon interlocuteur mal à l'aise. Je n'avais plus aucun problème à vivre avec mon passé, mais je ne voulais pas qu'il se sente mal si je lui racontais quoi que ce soit d'un peu trop intime. Je décidai donc d'accélérer un peu. « Je me suis mariée quelques années plus tard avec Charles Evenson. C'était loin d'être le mari parfait. Quand je suis tombée enceinte, j'ai voulu protéger mon enfant de mon mari et je suis partie de chez moi. » Je me souvenais m'être sentie revivre lorsque j'avais quitté Charles, un bébé grandissant au creux de mon ventre. Cet enfant avait été le seul lien qui me rattachait à la vie. « Lorsque mon bébé est né, il avait des problèmes respiratoires. Il n'a survécu qu'une semaine. Quand il est décédé, je n'ai pas pu me sauver moi-même. Je me suis jetée en bas d'une falaise. Un couple se promenant a retrouvé mon corps et j'ai été amené à la morgue. C'est Carlisle qui travaillait ce soir-là. Il a senti mon pouls battre faiblement et, se souvenant de moi, a décidé de me transformer. » J'étais maintenant revenue au point où j'étais plus tôt, soit à ma transformation qui s'était produite trois ans après celle d'Edward. « Ensuite, bon, vous pouvez facilement vous imaginer ce à quoi a l'air une transformation. Ce n'est pas très plaisant, mais c'est un mal à prendre pour avoir une seconde chance. » Ma seconde chance, c'était de vivre au bras de Carlisle, avec maintenant six enfants merveilleux. Je ne pouvais me trouver malchanceuse, ni ne pouvait en vouloir à Carlisle de m'avoir transformé, puisque même si je ne pouvais plus avoir d'enfant, j'en avais adopté six et c'était à moi que revenais le rôle de la mère. Certes, parfois j'aurais tout donné pour sentir un petit être bouger dans mon ventre, mais je devais me contenter de ce que j'avais.

La promenade dans la forêt me faisait du bien. Étrangement, l'air frais de la forêt entrait dans mes poumons et les nettoyait, me donnant encore plus d'énergie. Bien que je n’aie jamais envie de dormir, je trouvais revigorant le fait d'être dans la nature. Elle avait quelque chose de calme et de mystérieux qui vous remettait d'aplomb. Mon compagnon de marche était tout aussi calme et mystérieux, mais évidemment très plaisant à côtoyer. Bien que sa présence ne puisse être qualifiée de revigorante, elle était tout de même intéressante. J'adorais discuter avec les vampires qui passaient par Forks, cela nous permettait ainsi de mieux distinguer les bons des mauvais, et ainsi de savoir qui étaient nos ennemis et qui étaient nos amis. Jusqu'à maintenant, Mark faisait partit de mes amis, n'ayant pas montré un mauvais côté. Il ne représentait pas de menace, il était donc un allié. C'était ainsi que je jugeais. Certains partaient sur une base négative et attendaient que les gens leur prouve le contraire, pour moi c'était le contraire. J'étais amie avec tout le monde, jusqu'à ce qu'ils me déçoivent. C'était pourquoi je ne m'étais pas gênée à raconter mon histoire et celle de ma famille à ce vampire. Il m'avait vaguement parlé de lui, mais comme je venais de lui fournir des renseignements précieux sur moi, j'étais certaine qu'il finirait par me rendre la pareille tôt ou tard. Même s'il ne le faisait pas par lui-même, je trouverais un moyen de lui tirer quelques vers du nez, j'aimais bien en savoir long sur mes invités. Cela me permettait de ne pas gaffer en leur présence. « Je vous remercie infiniment pour vous être ainsi dévoilé à moi. Ce n'est pas facile de raconter son passé, surtout lorsqu'il n'est pas très rose, à un pur inconnu. Mais votre très grande générosité à l'avoir fait m'honore au plus haut point. Soyez sans crainte, je sais être très respectueux avec de tels souvenirs et je ne les déformerai jamais. » Il avait cette manière de parler un peu ancienne, très respectueuse, que j'adorais particulièrement. De nos jours, j'avais peu de conversation aussi mondaine avec le reste des humains - et même des vampires. Mais le plus étrange était d'avoir ce genre de discutions en plein milieu de la forêt. C'était plutôt le genre de conversation que les gens tenaient à des soirées, pas durant une promenade au coeur des arbres. Quoi que même la nature avait droit à son lot de bienséance. « Vous sentez-vous prête à me parler du reste de votre famille, ou bien vous désirez prendre un moment pour récupérer de votre propre histoire? » Je laissai échapper un rire léger et mis mes mains dans mes poches avant de prendre la parole. « Ne vous en faites pas, ce passé est loin derrière moi. Certes, il fait partit de qui je suis, mais j'ai appris à ne plus m'en vouloir, à ne plus en vouloir à Charles ou bien à mes parents. » J'avais appris à vivre avec mon passé, je l'avais accepté et maintenant il ne m'embêtait plus. Les gens étaient parfois gênés de voir la légèreté avec laquelle je pouvais aborder le sujet, mais c'était parce que le sujet était généralement tabou. Dans mon cas, il ne l'était plus depuis longtemps. « Suite à ma transformation, je me suis mariée avec Carlisle. Je considérais Edward comme mon frère, à l'époque. Je voulais qu'il puisse vivre le même bonheur en vie de couple que Carlisle et moi, c'est pourquoi nous nous sommes efforcés de lui trouver une compagne. Carlisle est tombé sur Rosalie, une jolie blonde qui avait presque été battue à mort. Il l'a transformé et ramené à la maison. Toutefois, si Edward et elle s'entendaient bien, ils n'avaient rien de des âmes sœurs. » Ils étaient plutôt frère et soeur se chamaillant et rigolant, plutôt qu'un couple romantique. Rosalie n'était pas le genre de femme qu'il fallait à Edward et Edward ne satisfaisait pas aux critères de la blonde. « Ils sont alors devenus mes enfants. Quelques années plus tard, alors que Rosalie chassait, elle a trouvé Emmett, presque tué par un ours. Elle l'a transporté durant tout le chemin qui la séparait de notre demeure pour que Carlisle le transforme. Depuis, ils sont inséparables. » Le colosse et la bonde étaient tombés amoureux lors du premier regard échangé et cela n'avait pas changé depuis.
J'étais bientôt rendu à l'arrivée de Jasper et d'Alice dans le clan, mais je tenais à m'assurer, avant de continuer, que mon compagnon de marche suivait mon histoire.