J`entendis son cœur tambouriner violemment lors de mon explication. J`avais donc cru bon de lui prendre la main. Elle ne m`avait pas paru écœuré par ma froideur, même qu`elle garda précieusement ma main dans la sienne. Je devais avouer que, à ce moment là, je regardai ses lèvres avec désir. Je ne pouvais pas faire autrement. J`étais tellement à proximité de la jeune femme que mon corps se mis à la désirer d`une autre manière que pour son sang. Alors que je fixai toujours avec obsession ces lèvres rosées, je les vis bouger. Je l`écoutai donc. Sa question était nerveuse et je crois même, un peu désespérer. Je ne pu qu`être touché par son interrogation. Je devais lui causer tellement de peine en ce moment. Pas besoin d`être médium pour comprendre qu`elle souffrirait de ne pas pouvoir revoir sa famille. Si jamais, grâce à un miracle, elle pourrait se contrôler suffisamment pour ne pas tuer tout ce qui bouge, elle ne voudra alors plus jamais tourner la page et abandonner sa famille derrière elle. Je pris un long moment avant de lui répondre, ma voix un peu moins neutre cette fois, car je souffrais également de devoir lui annoncer ça :

-Je suis désoler, mademoiselle Helena, mais je ne crois pas que votre idée sois raisonnable. Je sais fort bien que votre désir le plus profond n`est pas d`imposer à votre entourage votre propre choix. Au fond, vous ne voulez pas de les obliger à tout abandonner. Vous, j`accepterai peut-être de vous transformer car vous avez démontré l`envie de l`être, mais ne soyez pas égoïste en transformant des gens qui ne veulent probablement pas de cette existence.

Mes paroles me semblèrent si dures. Je ne voulais surtout pas lui donner l`impression d`être méchant ou indifférent face à sa famille. C`était tout le contraire, je me préoccupais beaucoup trop de ces humains que je ne connaissais même pas. Ensuite, vint une question auquel que je ne voulais absolument pas répondre. Encore une fois je me sentais incroyablement mal de devoir détruire un autre rêve humain. Mais je devais lui répondre avant qu`elle interprète faussement mon silence. D`ailleurs, elle avait déjà enchaîné avec une autre question délicate. Je devais absolument la rassurer, même si je devais également anéantir bien malgré moi ces rêves… J`inspirai donc profondément et, sans la quitter des yeux, je lui annonçai :

-La constitution des vampires est très différente des humains. Votre déduction est donc juste, nous ne pouvons pas procréer. Je suis de nouveau désoler de devoir vous l`apprendre, mais c`est pour cela que je désir vous expliquer tout les aspects de ma race avant de prendre notre décision finale. Ou plutôt, la votre. Car, en bout de ligne, ce sera vous qui choisirez si vous désirez cette existence ou pas. Ne vous inquiétez surtout pas, je vais vous transformer seulement lorsque vous serez prête, si vous l`êtes un jour bien sûr. Jamais je ne vais vous forcez à me suivre ou à devenir comme moi si vous n`en avez pas envie. Cela peut être demain comme dans dix ans, mais j`attendrai le temps qu`il faut si vous en ressentez le besoin.

Je décidai me m`arrêter. Je ne voulais plus parler et lui annoncer d`autres mauvaises nouvelles, même si je savais que la vie de vampire était d`avantage négative que positive, du moins, à mon humble avis. C`est alors que je la sentis plus proche. En effet, elle approcha son visage du mien et me donna un second baiser. Je la laissai faire. Après tout ce que je venais de lui dire, je ne voulais plus lui causer d`avantage de peine en la repoussant en plus. Je laissai ces lèvres chaudes caresser les miennes en regrettant secrètement qu`elle les retire au bout d`un petit moment. Je la regardai, mon visage toujours un peu plus près du sien que tout à l`heure. Elle me posait alors une autre question. Je la trouvais intéressante mais également effrayante. Caressant le revers de sa main avec mon pouce glaciale, je lui dis doucement :

-N`ayez craintes, les vampires peuvent éprouver des sentiments. La colère, la tristesse, la joie et même l`amour. Nos émotions en sont même décuplées. C`est d`ailleurs assez étrange de dire cela, mais c`est la pure vérité. Notre caractère s`amplifie avec l`arrivé de notre seconde vie, mais nos sensations également. L`amour, comme beaucoup d`autres choses, sont encore à notre porté!

J`avais dis ma dernière phrase avec espoir. Car je me sentais également très impliqué dans ce que je disais. Je regardai toujours Helena et, naturellement, je lui accordais ce baiser long et passionné dont elle semblait réclamer le besoin. Même si ma gorge me brûlait affreusement, je fis taire ma soif, le temps de cet échange amoureux. Lorsque nos lèvres cessèrent de se toucher, je lui dis dans un murmure :

-Vous voyez… Je ne vous mens pas…

Je parlai évidemment de moi et de mon comportement qui, à cette instant, avait tout de l`amour. Je savais fort bien qu`il était encore un peu tôt dans notre relation, mais mon cœur silencieux dans ma poitrine venait de mettre de côté mon cerveau, me laissant ainsi libre d`apprécier ce sentiment que j`avais presque oublié depuis les années : l`amour.

Après l`avoir écouté et m`être repassé encore et encore ces paroles dans ma tête, je commençais à réaliser que j`allais beaucoup trop vite. Je venais de l`embrasser alors que nous ne nous connaissions que depuis à peine quelques heures. Elle semblait avoir eu le coup de foudre pour moi, comme elle ne cessait d`évoquer « notre » amour. Mais moi, est-ce que je l`avais eu aussi ce choc amoureux? Oui je l`aimais bien, oui je la trouvais si intéressante et ouverte à ma réalité. Mais malgré ces baisers, aussi agréable soient-ils, je venais de presque la forcer à accepter. Elle avait raison, la valeur familiale était incroyablement puissante pour les Italiens. Mais ce rêve là qu`entretenait ce peuple depuis des siècles, elle ne pourrait pas y goûter si elle devenait un vampire. Et puis il y avait moi dans l`histoire. Je n`étais pas comme elle. Je n`avais jamais regretté d`avoir raté la paternité parce que je ne voulais tout simplement pas de ça. Je pouvais vivre sans mais je ne pouvais pas dire ça à Helena, elle qui était en train de vivre une véritablement catastrophe émotionnelle à cause de moi. Elle n`avait pas peur de la douleur ou du sang, mais elle craignait le fait de ne jamais pouvoir enfanter et élever un petit être vivant. Je ne m`attendais pas du tout à ça. Voilà une chose qui nous différenciait tout les deux et je ne savais pas du tout comment réagir à cela. Je lui dis donc, en regardant le sol devant moi, un peu triste de devoir arrivé à cette conclusion déchirante :

-Je vois, alors il serait peut-être mieux de ne pas nous emballer dans ce cas. Vous devriez surement vivre la vie que vous souhaitez avant de considérer celle que je vous offre. Vous n`êtes peut-être tout simplement pas faite pour ça. Il n`est pas trop tard pour le réaliser.

Je n`aimais pas m`annoncer vaincu de la sorte. Elle voulait pourtant être transformée, non? Enfin c`est ce que j`avais cru comprendre. Mais qui j`étais pour lui arracher la possibilité de faire la chose la plus humaine qui soit? Elle voulait avoir une famille avec un homme qui pourrait lui donner des dizaines d`enfants, alors qu`il en soit ainsi. Mais ma vision alors? Mon pouvoir était infaillible et je ne lui avais vue que cette unique possibilité. Cela voulait-il dire qu`elle va y renoncer pour moi, au risque de regretter par la suite? Je l`avais vue heureuse dans ma vision, mais il y avait les autres Rebelles autour, alors ça aurait pu être une simple façade qu`elle se donne en public, pour cacher sa tristesse de ne jamais avoir pu avoir d`enfant. Je ne savais plus quoi faire ou quoi dire. Le sol me paressait si vide de réponses et je ne pouvais pas me résoudre à la regarder dans les yeux à cause de la souffrance que je lui causais. J`avais incroyablement envie de me lever et de la laisser à sa vie. Elle le méritait après tout, beaucoup plus que d`être coincé pour l`éternité dans la peau d`un tueur. Mais je ne pouvais pas lui faire ça non plus. Alors je me dis que je devais au moins m`excuser pour la souffrance que je devais lui faire en ce moment. Mais même là, ça n`allait en aucun cas atténuer son chagrin. Alors que faire? Sans vraiment y réfléchir, je lui dis :

-Ne vous inquiétez pas, mademoiselle Helena. Vous n`êtes pas folle. C`est simplement normal que vous ressentez cela après de tels émotions. Mais je ne veux surtout pas vous décevoir, je serais incapable de vous offrir ce que vous souhaitez présentement. Parmi les choses incroyables que je peux accomplir avec mes capacités de vampire, être un père pour vos enfants m`est impossible.

Je me répétais, ça devenait grave mon affaire. Mais bon, cette attirance si forte pour la maternité que Helena me révélait à l`instant, je ne savais pas vraiment comment y faire face. Non, je n`avais pas abandonné, mais le réalisme et le pessimisme que je savais combiner parfois revenait me hanter. Nous n`étions pas dans un conte fée. Tout était si sérieux et irréversible. Elle devait prendre la bonne décision et je devais la conduire vers la plus juste, peu importe ma vision. Je lui devais au moins ça. L`égoïsme ne devait surtout pas me faire dévier de ces désires et de ces valeurs qui n`étaient peut-être pas celle d`une vie vampirique…

J`avais écouté ses paroles distraitement. Je ne savais plus si je devais faire confiance à tout ça. Cela me semblait si étrange. J`étais habitué à la vitesse et au contrôle que me permettait mes capacités de vampires. Mais là, tout échappait à mon contrôle et je détestais ça. Pourtant, je l`avais souhaité non? Je l`avais voulu que rapidement Helena veuille me suivre et que ma vision se réalise. Je venais de récolter ce que j`avais semé. Mais c`était si tôt et si… il n`y avait aucun mot qui ne me venait à l`esprit pour décrire l`aspect bizarroïde de la situation. Que faire à présent? Je ne pouvais pas lui dire non. Je ne voulais pas au plus profond de moi lui dire oui pour une raison qui m`était inconnu. Et dire peut-être, ce n`est pas une réponse. Je me sentais affreusement coincé et c`était horrible pour moi. Pourquoi je ne m`étais pas enfuis alors que j`en avais encore l`occasion? Tout simplement parce que je ne suis pas un lâche. Mais j`aurais dû piler sur mon orgueil et accepter le titre de lâche au lieu de créer tout ça. Helena était mal, ça ce voyait. Mais elle voulait me convaincre à tout prix que ça allait pour elle. Elle m`embrassa même. Je me laissai faire, même si ce genre de comportement ne pouvait plus vraiment arranger les choses. Ultimement, elle me dit qu`elle voulait poursuivre sa vie avec moi. Je baissai de nouveau les yeux et lui dit, la voix tremblante :

-Est-ce vraiment ce que vous souhaitez? Changer pour un pur inconnu? Détruire votre vie et vos rêves pour moi? Votre cœur m`aime-t-il a ce point?

Franchement, je ne pouvais pas y croire. Même si le mien aurait pu renaître à cause d`elle en ce moment, mon cerveau refusait de croire en ces sentiments. Je ne la rejetai pas. Non. Mes mains toujours dans les siennes en étaient la preuve. Mais il y avait encore un truc qui bloquais en moi et que tant qu`il ne serrait pas libéré, alors nous ne pourrions pas vivre le bonheur dont Helena parlait. Le problème n`étais plus elle et sa condition humaine, mais bel et bien moi et mon passé. Un truc clochait et s`était de ma faute. Comment l`expliquer à Helena sans lui faire croire que je ne voulais pas d`elle? Puisque c`était tout le contraire, si mon esprit ne me disait pas de me retenir, cela ferait longtemps que je lui aurais dit oui. Mais alors, le seule moyen de passer au travers de tout ça était de lui avouer la vérité, de lui révéler ce qui me faisait autant hésiter et presque l`empêcher de m`aimer. Levant vers elle des yeux sérieux et troublant, je lui dis doucement :

-Il y a une chose que vous devez savoir à propos de moi, mademoiselle Helena. J`ignore si vous allez comprendre pourquoi cette chose en moi est démesurément grande et importante. Mais je dois être honnête avec vous.

Prenant une grande inspiration, une qui était à la fois inutile et nerveuse, je fis la navette entre son regard attentif et amoureux ainsi que nos mains enlacées. Je lui dis donc :

-Je ne suis pas une personne en qui il faut placer toute sa confiance. Autrefois, j`ai aimé éperdument une femme. J`aurais pu m`arracher le cœur pour elle. Mais je l`ai trahit et elle en est morte. J`ai tué la personne en qui je tenais le plus en ce monde. Je… Depuis ce jour, je n`arrive plus à avoir une relation stable avec une autre femme. Ce n`est pas parce que je pense à Kirsten en étant avec les autres, mais c`est parce que…

Je pris une très longue pause, pour il réfléchir je crois :

-… Parce que j`ai peur de détruire encore un autre cœur qui m`aime…

J`avais été très très vague. Alors j`ignorais si Helena pourrait comprendre que ce n`étais pas juste une peine d`amour que j`avais. Ce n`était pas non plus des regrets. C`était gigantesque et je le trainais depuis 100 ans. J`avais mal, incroyablement mal de devoir vivre avec ça. Le frère de Kirsten avait eu raison de me transformer, c`était la meilleure punition qui soit.

En un instant, moins d`une seconde, je m`étais refermé sur moi-même. Mais qu`est-ce que je faisais là, assis sur le sol, avec une humaine qui me prends dans ces bras? Je levai vers elle des yeux menaçant et me retins de ne pas grogner. J`ignorai ce qui m`avais rendu dans cet état. Réfléchis. Je me mis donc à me repasser son discours qui pourtant aurais du me rassurer... Normalement… si j`avais été normal... Mais toutes ces paroles, aussi belles et sincères soient-elles venaient de s`envoler très haut au dessus de moi. Mon cœur inerte en fut ébranlé. Je me remis en statue, la tête basse et recommença à analyser la situation. Je n`avais jamais parlé de Kirsten à une autre personne, humaine comme vampire. Oui j`avais en effet fait mon deuil d`elle, le problème n`était pas là. J`avais réussi à passer à autre chose, j`avais même eu plusieurs relations amoureuses durant ma vie de vampire. Et jamais l`image de mon premier amour ne m`avait empêché de vivre un truc avec ces femmes. Le problème était ailleurs, mais où? Je venais de littéralement perdre le contrôle. Helena voulait, elle voulait tellement ce faire mordre. Mais c`était moi qui ne voulais plus. Comme je pouvais être stupide parfois. Et là, en plus, le dernier mot qu`elle prononça, il fut comme une gifle en plein visage. Je me sentis subitement menacé et même trahis. Alors je me suis levé subitement et est reculé par prudence, pour ne pas lui faire de mal. Je perdais la tête on dirait bien. Mais tous mes instincts me criaient de partir. Je ne voulais pas me défiler, mais on dirait que je faisais tout pour prétexter des choses qui n`était pourtant pas menaçante. Avec une voix grave, je lui dis, toujours à distance :

-Clan… comment sais-tu ça toi!?

Non, non, non! Je venais de briser mon image gentille et sympathique! Là elle allait avoir peur de moi! Mais j`avais soudainement peur pour les miens. J`étais en train de me dire qu`Helena était une espionne d`Aro et qu`elle voulait infiltrer mon clan. C`était ridicule, je le savais bien, mais comment convaincre mon corps que c`était une folie! Helena était humaine et si douce et bonne, elle ne pouvait pas être comme ça. Plus je persistais à rester méfiant et plus je m`éloignai d`elle et je détruisais tout ce que nous avions construit. Je m`étais refermé, mais pas totalement. Une partie de moi persistait toujours à ressentir ce sentiment bien étrange à son égard. Mais là je devais m`éloigner, avant de commettre l`irréparable. Je fis encore quelques pas en arrière en gardant mes yeux rouges et menaçants dans ces pupilles innocentes. Helena était si pure. Si seulement moi aussi je l`avais été. En essayant d`éviter de prendre un ton menaçant qui l`aurait effrayé inutilement, je lui dis :

-Nous devons nous revoir… J`ignore quand, mais cela arrivera… Je dois réfléchir… Je ne vous quitte pas, je… Je dois réfléchir…

Elle ne devait pas s`inquiéter et surtout pas essayer de me retenir, ça aurait été pire. J`avais perdu le contrôle et je devais m`éloigner au plus vite d`elle pour reprendre possession de mes moyens. J`aurais voulu lui dire que je n`étais pas fâché contre elle et que moi aussi je crois que je l`aimais, mais ma mâchoire venait de se souder et je ne pouvais plus prononcer de mots. Je reculai toujours lentement en la fixant pour m`assurer qu`elle n`essaierait pas de me suivre. J`ignore si j`aurais été capable de me retenir si elle avait pleuré et couru vers moi…

Va-t-en Mark… Dépêche-toi…

Lucrezia. Elle aussi elle voulait que je m`éloigne. Ma très grande perte de mes moyens avait du l`alerté et là elle avait pris contact avec moi. Je pouvais presque la voir à côté de moi qui me tenais fortement le bras comme si elle avait pu me retenir. Heureusement qu`Helena ne pouvait pas voir ni entendre ma conscience, sinon elle en aurait été traumatisé. Me côtoyer était assez spéciale, elle allait un jour sans rendre compte. Je soupirai et arrêtais de reculer, étant maintenant assez loin de la jeune femme. J`adoucis mon regard et lui dis, presque dans un murmure :

-À bientôt, Helena.

Je sentis la main fantomatique de Lucrezia serrer mon bras et je disparue à la vitesse de l`éclair. Quel drôle de rencontre…